Afin de trouver d’autres couleurs de terre, j’ai procédé à des mélanges de grès.
Le principe est simple: à partir de 3 terres à ma disposition, une terre noire (super manga), un grès roux (MJ de Treigny ) et un grès plus claire de St Amand (GSAT40), j’effectue un mélange par triangle en faisant varier de 20% la proportion de chaque terre.
Voici le résultat:
Trouvant le mélange 80% de MJ 20% de super manga intéressant, je retiens celui-ci.
Je précise qu’il est bien évidemment possible d’effectuer ce type de mélange avec différentes terres et dans différentes proportions. Il vous reste ensuite à voir ce que vous obtenez, tant en terme de couleur que de réaction de la terre à ce mélange au moment de la cuisson notamment.
Pour poursuivre mes recherches autour des cendres et des superpositions, il m’a semblé important d’essayer de développer un émail dit « goutte d’huile« . Cette appellation provient des sortes de gouttes qui apparaissent après cuisson sur l’émail.
Explication succincte du phénomène dit « goutte d’huile »
Cet effet est réalisé dans des glaçures à forte concentration de fer. A hautes températures, le fer, sous forme Fe2O3, n’est plus assez stable et est obligé de céder de l’oxygène pour former FeO. C’est cette libération d’atomes d’oxygène qui provoque l’éclatement des bulles à la surface de l’émail, du à la viscosité de celui-ci au moment de la libération des atomes d’oxygène, d’où l’apparition des « gouttes » de couleurs différentes. Cette technique n’est possible qu’en cuisson oxydante. En effet, les atomes d’oxygène sont libérés avant cette phase en cuisson réductrice.
Recherche d’un émail goutte d’huile
J’effectue mes premières recherches de manière assez large autour du diagramme 48 et j’obtiens beaucoup de déchets. Cependant, je conserve certains échantillons pour travailler dessus:
Partant de ces premiers résultats, je sélectionne l’échantillon en bas à droite pour poursuivre les recherches. Dans un second temps, je fais varier le % oxydes de fer pour observer l’impact de celui-ci sur la glaçure:
Je sélectionne le 6ème échantillon sur la photo, soit celui-ci:
L’effet obtenu est intéressant mais l’émail ne semble pas fondu de manière homogène. De ce fait, je décide de refaire un triangle autour de cet échantillon:
Je sélectionne alors l’échantillon sur la 3ème rangée (en partant du bas) en 2ème position, donc relativement centré sur mon triangle.
Voici l’échantillon agrandi:
Finalement, on s’aperçoit que le résultat a plus grande échelle de l’émail ainsi recherché n’est, dans ce cas, pas identique aux recherches précédemment effectués. Cependant, je choisis de le conserver en le nommant rouge d’huile et non goutte d’huile. Je décide de poursuivre les recherches autour de cet émail tout en conservant celui-là…
Pour réaliser cet émail, je suis parti de mon émail vert nature en sous-couche. Auquel j’ai ajouté, en superposition sur la sous-couche, mon émail blanc.
Pour trouver cet émail que je nomme vert nature, mon point de départ est ma recette de Tenmoku. Je lui ai ôté l’oxyde métallique (le fer) pour expérimenter avec les différents oxydes en ma possession à différentes concentration. Ce type d’essai permet de balayer quelques coloris possibles sur une position dans un diagramme particulier. On obtient souvent beaucoup de déchets, mais il arrive parfois qu’un résultat notable apparaisse:
Ces échantillons comportent le nickel comme oxyde métallique. A maintes reprises, j’avais noté des essais autour des bruns mais j’ai eu la bonne surprise de voir apparaître un vert. Et qui plus est, entouré d’un marron lorsque l’épaisseur de l’émail diminue. Cela augure de belles pièces! Alors, je décide d’explorer cette piste en utilisant la méthode de recherche de la croix (Suppression ou ajout d’une part de SiO2 ou d’AL2O3).
Le résultat est plus homogène avec un peu plus d’alumine ou un peu moins de silice. C’est pourquoi, je poursuis les recherches dans ce sens en procédant à de nouveaux essais. Tout d’abord avec l’ajout d’un peu plus d’alumine puis en supprimant de la silice. Voici le résultat (on retrouve notre croix en haut à gauche):
Je choisis de sélectionner l’échantillon du bas au milieu qui a une belle couleur verte que l’on peut observer dans la nature:
Bien que cet émail coule sur grès noir ou sur tenmoku, ce n’est pas le cas sur un grès clair. On remarque que des petits points marrons apparaissent aléatoirement.
Pour réaliser cet émail, je suis parti de mon émail goutte d’huile en sous-couche, auquel j’ai ajouté mon émail à base de cendre de lavande. Le premier essai fut le bon.